Pendant quelques jours, jusqu’au 7 août, les visiteurs peuvent découvrir la touche créative d’Oakridge Park sur la tendance de la mode » aérienne » S/S 2023 avec une installation artistique présentant trois robes ballon sur mesure Balloon Ball Gowns de l’artiste de renommée mondiale Gab Bois. Cette exposition, présentée à Oakridge Park Gallery à Vancouver, associe ses concepts fantaisistes à l’expertise de Kristal Yee en matière de torsion, créant ainsi des tenues gonflables qui réimaginent les ballons comme des robes de soirée festives. Nous avons rencontré Gab pour vous en dire plus sur les coulisses de cette création amusante.
Le travail de Gab Bois révèle la qualité surréaliste des objets du quotidien, notamment la nourriture, la technologie et la mode. Influencée par les jeux imaginaires de son enfance, elle apporte un élément de fantaisie distinct à ses œuvres composées de tableaux bizarres et d’accessoires fantaisistes. Son langage visuel unique, inspiré du design, de la mode, de la culture pop et de la publicité, aborde le banal avec un sens de l’humour aiguisé. Ayant véritablement grandi à l’ère du selfie, l’autoreprésentation est un thème récurrent dans le travail de Gab Bois, suscitant un sentiment de proximité et de relativité de la part de son public. Avec cette intimité particulière, elle nous transporte dans un monde qui lui est propre, dans lequel les robes de cocktail sont faites de carreaux de scrabble et les coquillages de palourdes peuvent se transformer en miroirs de poche.
Toutes mes pièces partent d’une idée, d’un concept. Après, le médium et le processus de production varient selon cette idée là. Il y en a qui sont mieux réalisées en photo, d’autres en vidéo, en installation, en sculpture. C’est beaucoup du cas par cas, ce qui est compliqué d’une certaine façon, mais vraiment cool d’une autre façon, parce que c’est très, très diversifié. Ça permet une certaine liberté. Pour les sources d’inspiration, c’est beaucoup des produits qui sont de saison, ça peut être des aliments, des décorations pour certaines fêtes comme Halloween, Noël, etc. En fait la plupart du temps ce sont des objets que tout le monde a déjà vu, pour que les gens puissent s’identifier à l’oeuvre.
Ensuite pour passer de l’idée au projet final, on identifie d’abord le médium. Même si c’est un projet photo, il faut faire quand même certaines créations physiques pour la photographie. On identifie quels éléments sont nécessaires à la réalisation pour la suite de la production, ça peut encore une fois vraiment varier. Des fois, c’est seulement mettre un item sur le corps, mais des fois, ça peut être bâtir un cadre de chaise complet où on va poser des éléments custom. Ce qui fait que ça peut varier de une heure à un mois en termes de production, c’est vraiment en fonction du concept. Par la suite, vient la production de l’item, que ce soit réaliser une photo, ou préparer l’objet pour qu’il soit à un certain niveau visuel pour être utilisé en tant que sculpture, etc. Et enfin, pour la photo ou la vidéo, il y a aussi la phase de post production, donc montage photo ou vidéo au besoin.
Je dirais que la plupart des choses que je fais je vais les publier sur Instagram, à moins qu’ils soient en matériaux périssables, ils vont perdurer en tant que sculptures ou en tant qu’objets. Ça peut être des accessoires mode qui peuvent être portés par exemple. Donc, il y a cette dimension là que j’essaie de pousser, que les items ne soient pas seulement temporaires. Donc oui, ça arrive quand même souvent que des objets réalisés pour des photos dans le passé soient utilisés dans des projets d’art stylés ou d’autres contextes comme ça.
Oui et non. Je pense que pense que ce qui varie dans ce cas-ci spécifiquement, c’est qu’on le produise à l’externe. Quand on produit à l’interne, on va moins faire de sketch ou d’étapes de validation, on va davantage communiquer à l’oral, faire tous les ajustements sur le champ. Ce type de projet produit à l’externe, ça nous permet de vraiment approfondir la réflexion parce que c’est toujours un challenge de communiquer des choses qui sont créatives, qui peuvent dans leur nature laisser place à l’interprétation. On a réussi à aligner nos visions avec Kristall malgré tout.
Je pense que Kristall c’était vraiment la meilleure collaboratrice possible. J’adore toujours les gens qui sont aussi passionnés, surtout quand c’est un peu non conventionnel, comme justement les ballons et spécifiquement les ballons à porter. C’est quelque chose que je répétais souvent à l’équipe MASSIVart quand on me demandait mon input technique sur les ballons : je peux faire des tests, mais ce n’est pas mon médium. J’avais des limites que je reconnaissais très rapidement dans le processus et Kristall a vraiment solutionné toutes mes incertitudes. Elle donnait des suggestions super pertinentes pour alimenter le design, pour venir contrer une contrainte technique. Ce n’était pas juste une exécutrice, on a bien joué nos rôles en parallèle, donc c’était vraiment une collaboration où ma vision et son expertise peuvent toutes les deux briller.
Ce qui a été un défi qui était satisfaisant à surmonter, c’était la durabilité. Justement, comme on travaille avec des vrais ballons, il fallait qu’ils restent gonflés quand même assez longtemps. De notre côté, on avait fait des tests avec certains enduits en silicone et c’était un processus qui était cool de voir comment faire perdurer les ballons sur plusieurs jours. On avait pensé à créer des formes pour imiter des ballons pour qu’ensuite les robes puissent être immortalisées de cette manière là. Mais finalement, on a décidé de travailler avec un enduit et un type de ballon bien précis. Il a fallu aussi évaluer les types de gaz, etc. Donc si maintenant on me demande des questions sur la durabilité des ballons, je vais savoir pas mal de choses !
J’avais déjà eu des idées avec des ballons que je n’avais jamais réalisées, donc c’est la première fois que je travaille avec. Ça me fait penser à beaucoup de matériaux qui sont présents dans certaines tendances de mode. Il y a beaucoup de choses que ce soit les manteaux ou même de plus en plus les chaussures comme les Camper avec des gros lacets, tous interconnectés ensemble. Des gros tricots faits avec de la grosse laine super large. Il y a beaucoup de cette espèce de tendance oversize qui a l’air molle et confortable. Avec toutes ces inspirations, je savais qu’on allait pouvoir s’intégrer dans des tendances actuelles, puis que le projet allait bien être reçu et compris. C’était cool de travailler avec un nouveau médium pour lequel j’avais déjà de l’intérêt.
J’aime toujours que ça fasse comme un double effet, que les gens voient rapidement quelque chose, une robe. Puis après ça, en s’approchant un peu, qu’on puisse voir la complexité, tout le travail de Kristall derrière. J’aime quand ça peut être vu en deux temps, rapidement, en disant « C’est cool » puis après ça, qu’on puisse s’approcher et pouvoir voir sous chaque « couture » et voir tout le travail d’artisanat derrière les robes.
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Balloon Ball Gowns est exposée à la Oakridge Park Gallery à Vancouver du 3 au 7 août.