Les voix est une nouvelle œuvre d’art public conçue par Nicolas Grenier en collaboration avec MASSIVart et Sid Lee Architecture. L’œuvre est présentée dans un local commercial transformé en lieu d’exposition, à la Galerie PVM de Place Ville Marie, au cœur du centre-ville de Montréal. Il s’agit de la 2e partie de Prémonitions, un projet qui nous invite à explorer diverses façons d’interpréter notre époque, d’examiner l’influence de la technologie, et d’imaginer l’avenir qui se dessine. Rappelons que Nicolas Grenier a exposé entre autres au Musée national des beaux-arts du Québec, au Musée d’art contemporain de Montréal et à la Triennale d’art et d’architecture de Bruges (Belgique). Le projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative « J’aime travailler au centre-ville » de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, soutenue par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et accueillie au Nouveau Centre par Ivanhoé Cambridge.
Place Ville Marie, Montréal
6 juillet – 16 septembre 2023
L’œuvre Les voix explore la zone grise entre l’humain et la machine, le corps et l’esprit, le langage et le sens. L’œuvre nous confronte à la question suivante : lorsque nous nous entretenons avec une intelligence artificielle, quelle est cette voix qui nous parle à la première personne du singulier ? Avec Les voix, Nicolas Grenier nous incite à explorer la complexité de cette question dans un environnement immersif, où le public peut interagir avec un grand modèle de langage (IA) par l’intermédiaire d’une interface humaine. Cette interface, constituée d’un.e interprète qui incarne par sa voix et son corps un texte généré par l’IA, devient alors une entité double et ambigüe, avec laquelle le public est invité à dialoguer en tête-à-tête. Ainsi, l’interface numérique qui caractérise nos interactions avec les assistants virtuels et autres IA se transforme ici en un échange interpersonnel, nous confrontant à la présence incarnée d’une intelligence non humaine. Après l’interaction, les participant.e.s seront invité.e.s à rester dans l’espace, à laisser un commentaire, à observer les conversations suivantes et à discuter avec d’autres membres du public de leurs expériences respectives. Avant tout, l’objectif est de créer un espace dans lequel les visiteuses et visiteurs, quelle que soit leur expérience de l’art ou de la technologie, peuvent examiner ensemble l’une des innovations numériques les plus frappantes et les plus révolutionnaires de l’histoire récente.
Les voix poursuit l’exploration que mène l’artiste Nicolas Grenier depuis plus d’une décennie sur les transformations sociales, les changements de paradigme et les structures de pouvoir. Ses recherches l’ont amené à étudier la manière dont ces enjeux sont exprimés de façon systémique, et à créer des œuvres qui donnent une forme tangible à des visions spéculatives de futurs possibles.
L’intelligence artificielle touche directement à tous ces enjeux, et annonce une vague de changements d’une vitesse et d’une ampleur exponentielles, possiblement sans précédent dans l’histoire humaine. Goldman Sachs estime qu’environ deux tiers des emplois aux États-Unis et en Europe seront touchés par l’IA, et que l’IA générative pourrait entraîner l’automatisation de 300 millions d’emplois. Pourtant, alors que l’IA se manifeste dans diverses sphères d’activité, des milliers d’experts inquiets de son impact encore inconnu ont récemment signé une lettre ouverte appelant à une pause immédiate du développement de l’IA. La lettre ouverte souligne que si les systèmes intelligents peuvent avoir un potentiel de transformation, la technologie elle-même reste pour beaucoup mystérieuse, et ses applications potentielles inquiètent.
Avec Les voix, Nicolas Grenier aborde la manifestation la plus concrète et la plus courante de l’IA, l’assistant virtuel. Utilisant une version modifiée de ChatGPT, l’assistant virtuel viral de Open AI (ayant amassé un million d’utilisateurs dans ses cinq premiers jours, et recevant maintenant environ 1.8 milliard de visites par mois), Les voix est une œuvre qui vise à manifester de manière concrète, tangible et incarnée une technologie qui est par nature virtuelle, intangible et désincarnée.
Les voix est une œuvre collective, en constante évolution. Le projet a été rendu possible en travaillant avec une équipe d’interprètes qui ont appris à collaborer avec la technologie, afin de permettre à leurs voix respectives de devenir, littéralement, Les voix. Grâce aux commentaires réguliers fournis par les interprètes pendant la durée du projet (10 semaines), le comportement de l’IA sera progressivement modifié pour refléter leurs expériences incarnées individuelles, simulant ainsi l’émergence et l’évolution d’une subjectivité artificielle. Les visiteuses et visiteurs venant plusieurs fois pourraient remarquer un changement dans le comportement de l’IA, soulignant l’ambiguïté de la superposition de l’humain et de l’IA en une seule entité, et contestant la notion erronée de neutralité, d’objectivité ou d’impartialité des algorithmes.
En installant Les Voix dans un centre commercial public plutôt que dans une galerie, l’œuvre se présente comme un espace de rencontre, de questionnement et d’exploration. De plus, un programme complémentaire de discussions publiques nous permettra de débattre collectivement de questions liées à l’intelligence artificielle, et de contextualiser l’évolution de l’œuvre en lien avec l’actualité. Ainsi, à l’instar de son développement, l’œuvre ne vise pas à présenter un « aboutissement », mais plutôt un procédé qui nous appelle à nous familiariser avec une entité étrangère en constante évolution.
Nicolas Grenier dit : En me familiarisant avec l’IA générative, comme tant d’autres artistes, je suis devenu de plus en plus conscient des multitudes de voix qui parlent à travers le contenu généré. Ces voix proviennent des gigantesques ensembles de données créées par l’humain, à partir desquels des identités reconnaissables émergent de temps à autre, mais aussi des modèles de discours construits par des ingénieurs, des normes imposées par les exigences d’une industrie mondiale, de l’influence algorithmique qui peut être introduite par une compagnie à but lucratif, de l’écho de ma propre voix, et d’une part inconnue de mystère provenant des mécanismes complexes des réseaux neuronaux. Ainsi, lorsque les assistants virtuels parlent à la première personne du singulier, je me demande toujours : que dois-je donc penser de leur « je » anthropomorphique ? Comment cette voix évoluera-t-elle dans les prochaines années, dans les prochaines décennies ? Quel type de relation allons-nous développer avec elle ?
Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain dit : La Chambre est fière de soutenir la réalisation de Les Voix, une expérience unique qui met en lumière l’un des atouts distinctifs de Montréal : l’intelligence artificielle. Cette œuvre s’installe aux côtés de deux autres projets “J’aime travailler au centre-ville”, l’Anneau et Stations d’été, consacrant la Place Ville Marie comme lieu de rassemblement privilégié. Cette convergence contribue à faire de notre métropole une destination de choix, tant pour les travailleurs que pour les visiteurs.
Prémonitions : Les voix est une présentation gratuite, ouverte au public du mardi au samedi, de 11h à 17h. Des médiateurs.trices artistiques sont présent.e.s pour enrichir l’expérience. Pour garantir une conversation avec l’IA incarnée, nous vous encourageons à réserver votre place : www.premonitions.ai
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