Par Coralie Olson, Associée Directrice, MASSIVart
– Article initialement publié sur RENX.ca –
Aujourd’hui, un changement profond s’opère dans notre industrie. On observe une volonté croissante d’intégrer des stratégies de placemaking et d’art public axées sur la culture afin d’ancrer les lieux dans une identité forte et un véritable sens du lieu. Ce changement ne concerne pas seulement les promoteurs et les propriétaires d’actifs immobiliers, mais aussi les espaces urbains et les projets d’infrastructure.
Cette évolution se reflète également dans les discussions avec les hôteliers.
Il fut un temps où il suffisait d’ouvrir un bel hôtel en centre-ville pour attirer naturellement la clientèle. Aujourd’hui, les acteurs du secteur recherchent plutôt des emplacements au cœur de quartiers dynamiques, imprégnés d’une identité forte et authentique.
Avec cette dynamique en tête, voici quelques tendances émergentes en matière de placemaking qui prendront de l’ampleur en 2025.
Bien que l’art puisse être ajouté a posteriori pour embellir un espace et attirer du monde, il est de plus en plus reconnu que l’impact réel de celui-ci se manifeste lorsqu’il est intégré dès la conception d’un bâtiment, d’un quartier ou d’un plan directeur. Northcrest Developments, qui pilote la transformation de l’ancien aéroport de Downsview à Toronto, l’a bien compris. Nous avons collaboré avec eux très tôt pour développer un Master Plan en art, culture et placemaking créatif ainsi qu’un plan d’art public, intégrés dans leur demande de planification auprès de la Ville de Toronto. Nous travaillons également avec des municipalités comme la Ville de Brampton, qui adoptent une approche similaire pour orienter leurs décisions stratégiques et leurs investissements en art public.
Les promoteurs et propriétaires immobiliers recherchent davantage de collaborations avec des artistes locaux, capables de retranscrire l’histoire et l’identité du territoire à travers leurs œuvres.
On s’éloigne des installations purement esthétiques au profit de stratégies artistiques qui favorisent l’interaction et l’appropriation des lieux. Un bon exemple est notre projet avec Shape Properties pour l’installation “Play on the Plaza”, une activation estivale dans un centre commercial près de Vancouver. Cette installation comprenait des modules colorés servant à la fois d’assises et de supports pour dix espaces de jeux variés, incluant le ping-pong, les échecs, le tic-tac-toe et d’autres jeux interactifs.
En plus de rendre les espaces plus fonctionnels, le placemaking contribue à donner un rôle social aux espaces sous-utilisés. Ce besoin se fait particulièrement sentir depuis la pandémie, alors que l’isolement social demeure une problématique. L’inflation joue aussi un rôle : avec une baisse des dépenses en shopping, restauration et divertissement, la demande pour des espaces publics gratuits et engageants, propices aux interactions sociales, ne cesse d’augmenter.
De plus en plus d’aéroports repensent leur rôle au-delà du simple transit pour devenir des lieux d’expérience et de culture. Nous avons récemment entamé une collaboration avec l’aéroport international de Dallas Fort Worth afin de développer une stratégie d’art public et multimédia visant à en faire une destination culturelle à part entière. Un autre bon exemple est l’aéroport international de San Francisco, qui transforme l’expérience de transit en un moment significatif grâce à l’art.
Face aux exigences croissantes en matière de durabilité, on observe une tendance vers des installations artistiques intégrant des matériaux naturels et modulables, réutilisables d’une année à l’autre. Pour une installation des fêtes récente à Royalmount à Montréal, la capacité de réutilisation a été un critère clé. En matière d’utilisation de matériaux organiques, le travail de l’architecte et designer new-yorkaise Neri Oxman est une référence. Sa démarche fusionne nature et environnement bâti de manière avant-gardiste et inspirante.