Réinventer les espaces urbains : Skye Duncan et l’avenir du design des rues

 
Dans un monde où chaque mètre carré peut transformer notre façon de vivre ensemble, Skye Duncan et le Global Designing Cities Initiative (GDCI) se démarquent comme des visionnaires en matière d’innovation urbaine. Alors que les villes cherchent à reprendre leurs rues aux voitures, son travail redéfinit notre façon d’imaginer les espaces publics.

Lors d’une discussion inspirante avec MASSIVart, Skye Duncan, directrice exécutive du Global Designing Cities Initiative (GDCI), partage son expertise sur la création de rues mieux adaptées à nos besoins. Ce billet explore ses réflexions et offre des perspectives nouvelles aux urbanistes, amateurs de design urbain, citoyens et promoteurs immobiliers, pour créer des environnements urbains dynamiques, inclusifs et fonctionnels.

Skye Duncan est une designer urbaine avec 20 ans d’expérience en architecture, design urbain et planification. Elle dirige le GDCI, où elle se consacre à transformer les rues à travers le monde en s’appuyant sur des principes exemplaires de design urbain. Son travail est reconnu pour mettre l’humain au centre, en créant des espaces sécuritaires, sains et accueillants.

Avant de rejoindre le GDCI, Skye a été designer urbaine principale au New York City Department of City Planning, où elle a contribué à des projets novateurs qui ont rendu la ville plus durable et conviviale. Sa vaste expérience internationale et son parcours académique font d’elle une figure incontournable dans la réflexion sur le design urbain.

 


 
 

MASSIVart : Quelle est la motivation derrière votre travail ?

Skye Duncan : Les rues sont des lieux de rencontre essentiels. Elles représentent l’entrée de nos maisons, de nos commerces, et jouent un rôle crucial dans la vie autour des écoles. Prenons Milan, par exemple : avant, les rues autour des écoles étaient des océans d’asphalte, pleins de voitures stationnées, avec des parents qui attendaient sur la chaussée pour récupérer leurs enfants. Après, ces mêmes espaces accueillent des bancs où des grands-parents s’assoient pendant que les enfants montrent leurs dessins du jour.

Les communautés se rassemblent, que ce soit pour célébrer la naissance d’un nouveau bébé ou simplement pour socialiser. Quand on repense et réaménage ces espaces, on débloque un potentiel énorme : offrir des déplacements plus sécuritaires, favoriser la prospérité des commerces, améliorer la qualité de l’air, et surtout, renforcer les liens sociaux entre les membres d’une communauté.

 

MASSIVart : « Creating the Streets for Kids reverse periscope » est un outil novateur pour intégrer la perspective des enfants dans la planification urbaine. Comment cette idée est-elle née ?

Skye Duncan : Cet outil est né de notre démarche pour concevoir des rues adaptées aux enfants. Lors de nos formations et ateliers, nous emmenons souvent les participants dans les rues. Je me suis dit qu’il nous fallait un outil interactif pour permettre aux adultes — ingénieurs, maires, décideurs — de voir les rues à travers les yeux d’un enfant.

Le périscope inversé permet non seulement de visualiser la hauteur d’un enfant, mais aussi de percevoir des éléments souvent ignorés, comme les pots d’échappement ou les poubelles. Cette perspective change complètement la façon de voir les rues. En plus, à cette hauteur, on se déplace à une vitesse plus lente, ce qui permet de réfléchir et de se poser les bonnes questions : pourquoi je fais ce travail ? Pour qui ? Cet outil aide à remettre les choses en perspective.

 

MASSIVart : Pourquoi est-il important pour les promoteurs privés de s’impliquer dans la conception des rues ?

Skye Duncan : Imaginez une rue comme une pièce. Le sol, qui correspond au plancher de cette pièce, appartient généralement à la ville, qui établit les politiques sur son usage. Mais si vous regardez l’espace global, environ 75 % de cette « pièce » est façonnée par le secteur privé. Les murs de cette rue — c’est-à-dire les bâtiments — sont conçus par des promoteurs, des architectes et des décideurs privés.

Ils influencent donc une grande partie de l’expérience qu’on vit dans la rue. Quand je demande à des architectes ou promoteurs : « Contribuez-vous à la conception des rues ? », peu lèvent la main. Pourtant, leur travail a un impact énorme sur les espaces publics.

Que vous soyez à Addis-Abeba, Mexico, New York ou Dunedin, en Nouvelle-Zélande, la collaboration entre le public et le privé est essentielle pour créer des environnements humains remarquables. Peu importe notre langue ou notre culture, nous avons des besoins similaires : nous sommes tous confrontés à des villes dominées par les voitures, mais le potentiel de réinventer ces espaces est incroyable.

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