Plus que jamais, les villes se tournent vers les artistes, les architectes et les designers pour créer des projets d’espaces publics pertinents. L’art public est souvent utilisé pour créer et renforcer un sentiment d’appartenance, mais il peut aussi servir à remettre en question notre relation avec notre environnement, à susciter des conversations, à informer et à éduquer.
À l’occasion de notre premier projet à Dubaï, à l’ICD Brookfield Place, pour lequel nous avons collaboré avec le célèbre studio de nouveaux médias Ouchhh, nous avons voulu leur donner la parole pour s’exprimer sur leur démarche artistique et leur relation à l’art public.
Ouchhh explore les frontières de l’art en menant des recherches sur les relations entre l’architecture, l’art, la science, la technologie, les nouveaux arts médiatiques et l’intelligence artificielle. Nous considérons chaque projet comme un défi et adoptons une approche nouvelle et unique pour l’ensemble de notre travail. Notre parcours en studio a commencé il y a 10 ans. L’équipe interne (25 personnes) est composée de talents variés : artistes AI, ingénieurs, académiciens, codeurs créatifs, designers, motion graphic designers, et media designers, tous avec une vision commune : le savoir crée des expériences publiques uniques. Ouchhh a créé environ 52 projets d’art public pour des villes de presque tous les continents.
Chaque projet artistique commence par des questions importantes et significatives. Notre principale question pour DATAMONOLITH_AI était « Que se passerait-il si la conscience des plus anciennes données sur les origines du monde et l’IA se réunissaient pour un projet d’art public architectural ? » Nous avons collaboré avec des scientifiques et des académiciens pour créer cette sculpture hybride composée de données. Nous avons ensuite constitué notre équipe pour y inclure des scientifiques spécialisés dans les données, des codeurs d’IA et des concepteurs d’animation. En général, nous réinventons notre processus de création pour chaque installation, au cas par cas. En utilisant le réseau antagoniste génératif (GAN) et les algorithmes d’IA, nous avons créé DATAMONOLITH_AI, qui a appris à partir des données de Gobeklitepe (datant de la période néolithique pré-poterie : 9600-7000 avant JC).
Les progrès technologiques ont toujours permis de stimuler le développement des formes d’art. La peinture, la sculpture, la musique et la photographie n’ont pas fait exception à la règle. La science a longtemps inspiré l’art et les artistes, de Picasso et Léonard de Vinci à Dali et Samuel Morse. Ils sont la preuve de la manière dont les idées scientifiques pouvaient inspirer des œuvres d’art remarquables. Ces maîtres de l’histoire sont notre plus grande source d’inspiration. En ce sens, en tant que Studio Ouchhh, nous aimons toujours repousser les limites dans nos œuvres grâce à la science et à la technologie. Depuis toujours, les nouveaux arts médiatiques célèbrent le lien entre l’art et la science. Les technologies numériques nous permettent de développer des sculptures à base de données, des expériences immersives et de nouveaux mondes alternatifs. La montée de l’art virtuel offre également de nouvelles possibilités de création, et nous sommes donc ravis de voir se développer les nouveaux arts médiatiques chaque jour.
Nos données proviennent de sources très différentes comme le cerveau humain, l’espace, les origines anciennes, les sons, les images, les textes, etc… Nous utilisons les données comme un pinceau et les algorithmes comme notre toile qui transforme ces données en un atout esthétique que le public peut expérimenter de nombreuses façons. Par exemple, notre projet Poetic AI n’est pas seulement une expérience immersive. Elle peut être lue comme un livre et touchée comme une sculpture physique faite de 20 millions de lignes. Nous aimons transformer des données invisibles en une œuvre d’art qui peut être vue.
Les films de science-fiction et les grands scientifiques sont toujours nos principales inspirations. Stanley Kubrick et 2001 : l’Odyssée de l’espace ont également fortement influencé notre conception de cette installation.
Nous avons un rêve qui est celui du codage secret des univers hybrides cosmiques multidimensionnels réalisés par l’IA sans limites architecturales physiques dans les espaces publics. C’est pourquoi nous nous efforçons activement de pénétrer dans les espaces publics grâce aux outils des nouveaux médias.
Il est important pour nous de faire voir et sentir aux gens des choses qu’ils ne vivent pas forcément dans leur vie quotidienne. Notre principale inspiration vient de la physique, de la géologie, de la science et de la nature. Ces inspirations façonnent nos bases de conception. Nous avons appliqué notre connaissance de ces principes à la conception de produits dans toutes les disciplines, de l’échelle micro à l’échelle macro. Les sentiments que nous voulions ressentir ont grandement influencé notre façon de concevoir nos œuvres. Nous aimons nous concentrer sur la réaction émotionnelle face au lien scientifique entre l’homme et l’art.
Nous pensons que l’art et la technologie seront présents dans des expériences immersives plus audacieuses et ambitieuses dans les villes. La technologie change la façon dont nous fabriquons, expérimentons et partageons nos idées. Les collectionneurs d’art adorent explorer ce domaine fascinant de la technologie et de la créativité. Dans nos œuvres, l’intégration de la science et de la technologie avec l’art doit d’abord servir les émotions du public. Beaucoup d’entre nous connaissent le sentiment d’être touché par une œuvre d’art. Lorsqu’une œuvre d’art touche notre âme, ça bouleverse notre vie. Nous sommes téléportés dans un lieu différent qui est un univers parallèle. L’art est agréable pour les yeux tandis que la science est un moyen de transmission. Comme l’a dit Albert Einstein : « La plus belle chose que nous puissions vivre est le mystère. C’est la source de tout art véritable et de toute science ». L’inconnu, le mystérieux, est donc le lieu où l’art et la science se rencontrent. Le mélange de ces deux disciplines génère une nouvelle façon de penser, tant pour l’artiste que pour le public.