“L’art au service de la refonte des espaces“
Les points à retenir du panel

Dans le cadre de notre présence à SXSW, MASSIVart a organisé une discussion sur les améliorations positives que la pollinisation entre art et placemaking peut avoir sur l’avenir de nos villes.

 

Panélistes
Ferdi Alici, Directeur de OUCHHH Studio
Malak Abu-Qaoud, Responsable de la culture et des événements à ICD Brookfield Place Dubai

Modérateur
Alejandro Cardoso Mendoza, CEO MASSIVart & Associé directeur MASSIVart Amérique Latine

Au cours de ce panel, les trois intervenants ont parlé de l’interaction entre l’art, le secteur immobilier et la planification urbaine. Plutôt que de discuter simplement d’art public et d’urbanisme, l’approche a été faite sous l’angle du placemaking créatif en tant que concept fondamental.

Alejandro a commencé par cette citation : “Quelle est la définition du placemaking ? « Le processus de création de lieux de qualité dans lesquels les gens veulent vivre, travailler, jouer et apprendre ». Le Placemaking est un processus continu qui commence par une idée et se poursuit par l’exécution pour créer des espaces et des villes de qualité grâce à des quartiers de qualité. En d’autres termes : des lieux de qualité.”

Un lieu de qualité, tel que défini par Ann Markusen et Anne Gadwa, “offre des transports efficaces, le haut débit, une utilisation mixte des espaces, des options de logement, des loisirs, des espaces verts, des infrastructures sanitaires et scolaires, et oui, de l’art et de la culture. Un lieu de qualité résultant d’une conception créative doit être sûr, accessible, connecté et sociable.”

 


 

L’art public et la programmation culturelle contribuent-ils à augmenter – indirectement ou directement – la valeur des lieux ou des biens immobiliers, et quelle est la meilleure façon de l’intégrer ?

 

Malak a répondu rapidement en mentionnant que de nombreuses études ont montré que le placemaking dans un projet de développement attire les gens et les locataires. C’est exactement ce que l’on essaie de réaliser à ICD Brookfield Place : avoir un espace où l’on peut vivre, travailler, respirer et se distraire. Cela ajoute une valeur économique à un bien immobilier ainsi qu’une valeur humaine, car vous construisez un point de repère qui amène les gens à venir, à se rencontrer et à partager. L’art favorise cette conversation et fait de ce lieu un endroit où il fait bon vivre, de sorte que les promoteurs et les locataires y trouveront automatiquement de la valeur.

Pour Ferdi, de son point de vue d’artiste, il trouve que la question est toujours de savoir comment calculer la valeur lucrative et pas assez de reconnaître la valeur significative. On veut tout définir avec des chiffres mais il faut trouver un équilibre entre cette valeur économique et cette valeur significative, notamment grâce à l’art.

Malak a poursuivi en disant que plus l’art est intégré tôt dans un projet, plus il donne le ton et les normes de ce qui est attendu. En faisant appel à des artistes et à des compagnies comme MASSIVart à un stade peu avancé dans le processus, l’impact sur l’ensemble du projet sera meilleur ! Travailler en étroite collaboration avec les architectes, les urbanistes et les clients dès le début du projet permet de créer les bases de ce que vous allez construire. Passez par des experts qui comprennent vraiment comment l’art est construit et comment il est censé être montré. C’est ainsi que les projets bien structurés fonctionnent de manière harmonieuse pour et avec la communauté.

Selon Ferdi, il est très difficile pour un artiste de collaborer avec un gros client. C’est pourquoi le rôle de compagnies comme MASSIVart est si essentiel pour faire le lien entre l’artiste et le client : peu d’entre eux ont la capacité de gérer l’ensemble du processus pour donner vie à un projet d’intégration artistique.

Malak a ajouté qu’il fallait disposer des bons ingrédients dès le début pour développer organiquement un espace dont les gens veulent faire partie. Cela demande beaucoup d’expertise et beaucoup de passion. Le projet réalisé à l’ICD Brookfield Place avec MASSIVart et Ouchhh a créé une forte demande qui a directement profité à la valeur de l’immeuble. Ça a automatiquement attiré de nouveaux locataires tout en conservant ceux existants : c’est un retour sur investissement quantitatif et qualitatif. Malak a conclu en disant que la différence entre un bon projet et un excellent projet réside dans les individus et la création de communautés.
 

L’art public peut-il contribuer à la durabilité et à l’amélioration économique des villes, des zones urbaines ou des biens immobiliers ? Quel est l’effet sur les personnes et les communautés ?

 

Ferdi a partagé un élément de données intéressant qui, à lui seul, peut répondre par l’affirmative à la question de l’impact économique : Ouchhh a présenté une exposition à Paris, Poetic AI en 2018. Plus d’un million de personnes l’ont expérimentée en 9 mois ! Les artistes travaillent de plus en plus avec des clients comme Brookfield car maintenant ils sont vraiment intéressés à augmenter la valeur globale de leurs actifs grâce à l’art public. Le fondateur d’Ouchhh Studio a souligné le fait que l’art a un impact énorme sur les gens et que l’art basé sur les données peut être utilisé à des fins fonctionnelles, pour des villes plus intelligentes. Leur objectif est de faire grandir une nouvelle économie avec l’art public basée sur les communautés.

Pour Malak, l’art public est une activité communautaire. Il rassemble les gens et ne se contente pas de soutenir la scène artistique locale. Il modifie automatiquement la façon dont les individus interagissent avec l’espace. Ils passent la plupart de leur temps au travail, donc dans un immeuble de bureaux avec des zones commerciales comme l’ICD Brookfield Place. Malak dit que leur objectif est de s’éloigner du schéma « c’est un lieu de travail » pour se rapprocher de « c’est un lieu de collaboration et de plaisir » afin de créer un environnement différent où les gens peuvent penser à de nouvelles façons d’innover.

La responsable des arts, de la culture et des événements a poursuivi en disant que l’ICD Brookfield Place n’est pas seulement un immeuble de bureaux traditionnel, mais aussi une communauté offrant un espace sûr et inclusif. L’art public est essentiel du fait de cette inclusion, car il permet d’établir un lien avec l’espace et de dialoguer avec la communauté. Malak en a donné un excellent exemple : le soir de l’inauguration de DATAMONOLITH_AI, les écrans LED venaient d’être installés avec le sol en miroir et dès que la vidéo a été diffusée, les membres de l’équipe de nuit – les agents de nettoyage et de sécurité – sont entrés en nombre dans la salle en brandissant leurs téléphones pour prendre des photos et des vidéos. Ils étaient tellement absorbés et excités. C’est précisément ce que recherchait Brookfield : offrir une expérience artistique qui susciterait automatiquement l’intérêt de tous.
 

La convergence de la science, de la technologie et de l’art au service des projets de gestion des espaces

 

Pour ce point, Ferdi a expliqué que dans le passé, les progrès constants de la technologie ont permis de stimuler le développement des formes d’art. Il n’y a pas d’exception pour la peinture, la sculpture, la musique ou la photographie. La science et les idées scientifiques ont longtemps inspiré l’art et les artistes, de Picasso et Léonard de Vinci à Dali et Samuel Morse. Ils ont démontré comment les idées scientifiques peuvent inspirer un art de qualité irréprochable.

Ferdi a poursuivi en recentrant la réponse sur sa propre pratique au sein d’Ouchhh, en affirmant que tout projet artistique commence par des questions importantes et significatives. Leur question principale pour DATAMONOLITH_AI à Dubaï était : « Que se passerait-il si la conscience des données des origines anciennes du monde et l’IA se réunissaient pour une œuvre d’art publique architecturale hybride ? ». Ils ont collaboré avec des scientifiques et des universitaires pour créer cette sculpture hybride de données, puis ont constitué leur équipe pour inclure des experts en données, des codeurs d’IA et des concepteurs d’animation. La tech et la science étaient dans leur processus du début à la fin.

Enfin, le panel a conclu sur cette question. Ferdi a expliqué que le « comportement envers l’art » est en train de changer totalement. L’art n’est plus élitiste, il est désormais accessible à tous. Aujourd’hui, les gens aiment vraiment vivre des expériences immersives et voir de l’art public. Pour lui, nous vivons l’avenir des arts : avec les nouvelles technologies et les médias sociaux, vous pouvez accéder à l’art partout et à tout moment. Les données sont le nouvel or, et si vous pouvez réunir les données, l’IA et la science dans un projet d’art public, il sera unique.