Perspectives d'expert : Façonner l'avenir de l'immobilier par la force du placemaking – avec Sylvain Fortier

Dans une récente conversation avec Philippe Demers, fondateur et PDG de MASSIVart, Sylvain Fortier, expert en immobilier, a partagé ses précieuses réflexions sur l’évolution du secteur, le rôle crucial du placemaking, et la valeur de créer des espaces qui résonnent émotionnellement et culturellement. Fortier, fort de plus de 35 ans d’expérience et ayant occupé des postes de direction majeurs, dont celui de Chef des investissements et de l’innovation chez Ivanhoé Cambridge, a contribué de manière significative à repenser l’immobilier à travers des pratiques novatrices et durables.

Tout au long de sa carrière, Sylvain Fortier a adopté une approche visionnaire de l’investissement immobilier, axée sur la valeur à long terme et l’innovation stratégique. Dans cet entretien, il nous éclaire sur la manière dont le placemaking transforme l’avenir de l’environnement bâti et explique pourquoi investir dans des expériences significatives est désormais crucial pour rester compétitif.

Voici les principaux thèmes abordés lors de cette discussion.
 

1. Le placemaking : au-delà des murs

« The Eye of Mexico » à Neuchâtel Cuadrante Polanco, Mexico City.

« Le placemaking, c’est tout ce qui interpelle les sens et crée des liens émotionnels avec un espace. »

Pour Fortier, le placemaking va bien au-delà de l’architecture traditionnelle. Il s’agit de concevoir des espaces qui dépassent la simple fonctionnalité pour devenir des environnements qui suscitent des émotions et tissent des liens. Que ce soit par l’art, le design ou des éléments culturels, le placemaking cherche à créer un sentiment d’appartenance, pour que chacun se sente en connexion avec son environnement.

À une époque où les frontières entre travail, loisirs et vie quotidienne se floutent, la capacité de créer des lieux qui résonnent auprès de la communauté devient un différenciateur clé. Les développeurs immobiliers doivent comprendre que la valeur d’un bâtiment ne réside pas seulement dans sa structure physique mais dans les expériences émotionnelles qu’il offre.
 

2. Intuition et investissement : l’art de voir l’invisible

« On peut s’appuyer sur des projections ou des tableaux Excel, mais ils seront déjà obsolètes au bout de deux mois. En immobilier, il s’agit de faire un pari et de suivre son instinct. »

Le placemaking n’est pas toujours facile à quantifier en termes financiers, et c’est là que la perspective de Fortier est précieuse. Il explique que réussir en placemaking demande souvent de l’intuition – faire confiance au potentiel d’un espace, même quand les retours immédiats ne sont pas visibles. Selon Fortier, l’immobilier est à la fois un art et une science. Si les chiffres et les modèles sont essentiels, ils ne peuvent pas toujours saisir la valeur d’espaces dynamiques, centrés sur l’humain.

Fortier pense que, en misant sur les expériences intangibles offertes par un lieu, les promoteurs peuvent créer des espaces qui attirent plus de monde, fidélisent les locataires et inspirent la loyauté. Pour étayer cette approche intuitive, une étude que nous avons réalisée en collaboration avec TMU a exploré comment le placemaking peut être mesuré en termes financiers. La recherche montre que le placemaking ne concerne pas seulement l’esthétique, mais qu’il s’agit aussi d’investissements stratégiques éclairés, générateurs de valeur sur le long terme.
 

3. Le placemaking comme avantage concurrentiel

PLAY on the Plaza à The Amazing Brentwood, Vancouver.

« Le fossé entre les bâtiments qui investissent dans le placemaking et ceux qui n’y prêtent pas attention ne fera que s’accentuer. »

Alors que le marché immobilier devient de plus en plus compétitif, le placemaking prend une importance grandissante. Fortier souligne que les bâtiments qui investissent dans le placemaking auront un avantage distinct. Que ce soit pour des bureaux, des logements ou des espaces commerciaux, créer des environnements qui stimulent les sens et favorisent les interactions n’est plus simplement un atout – cela devient essentiel.

Les bâtiments axés sur le placemaking continueront d’attirer locataires et visiteurs, surpassant ceux qui se contentent de designs classiques. Alors que les attentes des locataires évoluent, le marché immobilier se tourne vers des espaces qui privilégient l’expérience humaine, rendant le placemaking un investissement à la fois en valeur et en pertinence.
 

4. Repenser la valeur : l’immobilier au-delà de ses quatre murs

Programme d’art public et programmation culturelle à ROYALMOUNT, Montréal.

« L’immobilier, ce n’est pas juste quatre murs et un toit ; ce sont les expériences qu’il abrite qui en révèlent la vraie valeur. »

Fortier souligne que la véritable valeur de l’immobilier dépasse sa structure physique. Ce sont les activités, les expériences et les liens qui se créent au sein d’un espace qui lui confèrent une valeur durable. En créant des lieux où les gens ont envie de passer du temps, les promoteurs peuvent accroître la satisfaction des locataires, leur rétention, et la demande globale pour un bien immobilier. Pour Fortier, la valeur d’un bien immobilier se mesure à sa capacité à bien servir ceux qui l’habitent et l’utilisent.
 

Conclusion : l’avenir de l’immobilier est centré sur l’humain

À travers ses perspectives, Sylvain Fortier souligne l’importance croissante du placemaking et de l’innovation comme leviers de l’avenir de l’immobilier. Son expérience montre que l’investissement dans des expériences sensorielles, émotionnelles et esthétiques peut enrichir la valeur d’un bien de manière bien plus significative que ne le feraient les simples chiffres.

En repensant la fonction des espaces et en mettant l’accent sur les expériences qu’ils proposent, les promoteurs immobiliers peuvent garantir un succès durable. Tandis que le marché se tourne vers des espaces plus centrés sur l’humain, le placemaking ne devient plus seulement une option, mais une nécessité pour ceux qui souhaitent garder une longueur d’avance dans le secteur.