Certains voient des espaces vides, nous voyons des opportunités

A la veille de l’annonce du lauréat de l’appel à artistes international organisé avec MIRA pour l’installation d’art public iconique qui sera intégrée à leur projet de développement immobilier à Mexico – Neuchâtel : Cuadrante Polanco – nous vous présentons Evlyne Laurin, une nouvelle membre de notre équipe, qui intervient sur le thème de l’art public – crucial aujourd’hui et dans le futur.

 

Evlyne s’est récemment jointe à l’équipe de MASSIVart en tant que Directrice Client & Développement. Administratrice chevronnée du milieu de l’art, elle apporte avec elle un réseau pancanadien et international ainsi qu’une expérience d’agent de liaison, de gestionnaire de compte, d’événements et de commissariat, de planification stratégique et de direction de production. Elle a travaillé avec des artistes, des photographes, des organisations à but non lucratif, des entreprises culturelles (privées et publiques), des foires d’art, des galeries d’art et des collectionneurs privés sur deux continents. Elle a, entre autre, travaillé pour La Coupe Rogers & Tennis Canada, l’équipe VIP de Frieze Art Fair, la Banque d’art du Conseil des Arts du Canada.

 

Avec plus d’une décennie d’expérience à divers postes dans le secteur culturel, elle comprend le pouvoir des arts et comment en faire reconnaître la valeur ajoutée. Cela fait partie de sa mission personnelle de le rendre plus accessible. Evlyne apprécie être la « connectrice » ; celle qui contribue à créer le lien entre la vision client et celle de l’équipe créative. Sa compréhension approfondie des deux aspects rend ses projets soigneusement planifiés, bien exécutés et précis.

 


 

Toiletpaper Exhibition in Montreal - MASSIVart / Galerie Blanc / Chromatic

 

Les derniers mois ont apporté des changements radicaux dans notre vie quotidienne. Nos maisons ont été transformées en espaces polyvalents ; notre trajet quotidien est parti aux oubliettes. Nous nous sommes promenés davantage, nous avons découvert les territoires inexplorés dans notre quartier. Des statues sont tombées, tandis que des murales ont vu le jour. L’art a été au premier plan des conversations. Beaucoup on trouvé un réconfort à peindre des arcs-en-ciel, embellissant ces espaces anodins qui sont devenus précieux du jour au lendemain.

Oscillations - The Urban Conga / Photo by Eva Blue / PQDS / MASSIVart - Art Public - MontréalL’art, en particulier l’art public, celui que l’on peut voir en plein air, gratuitement, qui est accessible à tous, a pris un nouveau sens. Alors que nous entrons dans les tout premiers jours de la nouvelle normalité, nous mesurons l’importance que les lieux extérieurs ont pris dans notre vie. Ce parc, cette rue que nous empruntons pour aller chercher un café simplement pour sortir de la maison. Nous voulons profiter de notre environnement : il favorise les relations ; il nous fait participer à la vie de nos communautés. Le passé des statues a été scruté, beaucoup ont été retirées de leur piédestal et devront être remplacées. Des murales ont été réalisées pour rendre hommage, pour attirer l’attention, afin que l’on se souvienne, pour refléter notre époque et nos luttes actuelles.

Dans le futur, quel sera l’avenir de l’art public ?

 

L’extérieur joue désormais un rôle central dans notre vie quotidienne, les villes se tournent vers de nouveaux aménagements urbains. L’art public prend de nombreuses formes : murales, sculptures à grande échelle, installations. Il peut être autonome ou faire partie d’un parc de sculptures ou d’un événement ponctuel. Il peut être en l’air, perché dans un arbre, au sol sous nos pieds, debout à côté de nous et même nous inviter à entrer. Il transpire les valeur des artistes qui créent le projet, des personnes qui l’ont soutenu et qui l’ont commandé. Il reflète ce que la ville, l’espace ou l’entreprise veut exprimer sur elle-même ; qu’ils soient un lieu de créativité, qu’ils investissent dans la rétention de leurs forces créatrices, ou qu’ils s’engagent dans leurs communautés. L’art enrichit la vie. On attend généralement de l’art public qu’il soit lié au temps, qu’il reflète notre histoire et qu’il soit accessible à un public large et diversifié.

Depuis une trentaine d’années, l’art public est passé d’un mouvement de base à la culture générale ; on s’attend maintenant à ce que les projets le présentent sous une forme ou une autre. L’art, et en particulier l’art public, est de plus en plus considéré comme un élément à valeur ajoutée. Il active une ville, un lieu. De monuments et sculptures qui étaient passifs, les nouvelles installations deviennent un vecteur. Il s’agit d’une activation et d’un investissement, qui pousse plus loin leur engagement social. Un bon exemple de l’implication du public dans le processus de décision est le projet du 4ème plinthe à Trafalgar Square à Londres, au Royaume-Uni. Bien qu’un comité crée la présélection, le public est invité à voir les propositions, à faire des commentaires et à voter, en bref, à faire un pas de plus pour décider de ce qui trônera au sommet du socle laissé inutilisé pendant plus de 150 ans.

New proposals for Trafalgar Square's Fourth Plinth 2018 & 2020. In order top left to bottom right: Damián Ortega, Huma Bhabha, Michael Rakowitz, Heather Phillipson, and Raqs Media Collective.

L’art public transforme, met en valeur, rend hommage et est une tribune pour notre temps.

 

Il revitalise, valorise, donne une seconde vie et embellit le lieu – pensez à une murale sous un viaduc, elle change instantanément l’atmosphère. Le mobilier urbain surgit du jour au lendemain. Soudain, l’espace est vivant, activé. Ces bancs, cette installation change la perception d’un lieu négligé par lequel nous passons des milliers de fois. Nous y prêtons soudainement attention. Nous voulons en faire l’expérience, nous asseoir dessus et profiter de cet endroit auquel nous ne nous attarderons pas autrement.

En collaboration avec le Partenariat du Quartier des Spectacles, le Palais des Congrès de Montréal, Hullmark de Toronto, ou MIRA au Mexique, MASSIVart s’emploie activement à rendre les destinations vivantes, festives et édifiantes en y insufflant de l’art et du design, en contribuant à améliorer le paysage visuel ainsi que l’atmosphère de l’espace. Il transforme notre façon de faire l’expérience des lieux, change notre façon d’interagir, nous donne un répit et réduit la monotonie. Si son impact quantitatif est plus difficile à mesurer, son impact qualitatif s’avère fiable. L’art public attire l’attention, le regard, vous incite à lever les yeux de votre téléphone, à vous engager et suscite la conversation.

Commander une oeuvre d’art a une mission ; il s’agit d’une plateforme pour susciter l’intérêt, et une direction que les entreprises privées et les villes prendront de plus en plus.

 

Il s’agit d’un dialogue sur le tissu social de nos villes. Les effets gratifiants sont nombreux. Sur le plan humain : une population plus heureuse, des trajets moins stressants, des avantages en matière de santé mentale, un taux de criminalité plus faible. D’un point de vue économique, elle crée des emplois pour les artistes et plus encore – quelqu’un doit concevoir, construire, installer et s’occuper de ces projets. Elle nécessite des matériaux qui sont plus que souvent d’origine locale. Elle favorise également le tourisme – pensons à Prada Marfa à Marfa et à la façon dont Marfa est devenue une destination depuis que Donald Judd a décidé d’y créer de grandes installations permanentes. Elle crée un buzz, rend la ville vivante, favorise son avantage concurrentiel, vit de sa pensée novatrice – ses signes vitaux sont forts.

MARFA

 

À mesure que nous verrons plus de vitrines vacantes, certains verront des espaces vides, tandis que nous voyons des opportunités.

 

C’est une occasion que les propriétaires d’immeubles et les développeurs immobiliers devraient saisir. Cela fait partie de notre mission à MASSIVart de travailler avec les villes, les promoteurs immobiliers et les développeurs pour augmenter la présence de l’art dans leurs projets afin de leur insuffler un facteur différentiel. Leur projets ont un fort impact sur la façon dont nous naviguons dans nos villes. Avec le mouvement actuel pour les achats locaux, il est temps de repenser l’offre et de pousser plus loin le divertissement, l’aspect humain et le bien-être dans les infrastructures dont ces projets font partie. Il s’agit de repousser les limites et pour les entreprises de promouvoir leurs valeurs grâce à la valorisation des espaces publics polyvalents qui ont un impact direct sur les gens qui les fréquentent. MASSIVart met au service de ses partenaires des idées concrètes grâce à ses années d’expérience dans la conception de destinations attrayantes, produisant des espaces stimulants et engageants.

Chromatic Paris - Dominique Pétrin - Public Art

L’art public peut également transformer et réactiver des bâtiments anciens, dissimuler des erreurs de conception et limiter les aspects stériles des rues ou des bâtiments. Une murale peut empêcher les graffitis de se répandre, et le vandalisme de diminuer. Une nouvelle installation contribue à favoriser les conversations, à engager le dialogue avec les locaux tout comme avec les visiteurs.

Cela nous amène à penser à des programmes comme le Federal Art Project qui s’est déroulé de 1935 à 1943 et qui faisait partie de la “Nouvelle Donne” (New Deal) après la Grande Récession. Au cœur de ce projet se trouvent des objectifs concrets : remonter le moral de la population, créer des emplois et réduire la criminalité. À une époque comme la nôtre, où nous avons plus que jamais besoin de passer d’une expérience générique à des expériences uniques qui se démarquent, où des histoires nouvelles sont nécessaires, l’idée de créer un programme ou d’investir des fonds pour inspirer les gens, pour donner un but à certains tout en enrichissant notre vie quotidienne semble être la voie à suivre.

La vision de MASSIVart s’aligne sur cette pensée ; nous croyons fermement à la création d’expériences artistiques mémorables que les communautés voudront vivre, revisiter et partager. Nous sommes fiers de soutenir et d’offrir de nouvelles possibilités aux artistes, ainsi que de travailler avec de multiples communautés et partenaires dans notre objectif commun de favoriser un écosystème culturel local profondément enraciné dans la création d’expériences pertinentes délivrées de manière inattendue.

Nous pouvons nous attendre à voir l’art public prospérer, car les villes se repensent pour des rassemblements plus petits, s’intéressent et s’impliquent auprès de leurs communautés. Il deviendra un moyen d’attirer les visiteurs régionaux et de développer leurs activités en plein air, nous savons que ce virus est là pour rester. Cet été nous révèle le pouvoir de nous unir pour défendre ce en quoi nous croyons et de plaider pour les changements que nous voulons voir dans nos communautés.

Contribuons tous à apporter plus d’art public créé par une diversité d’artistes, avec une vision créative forte, développant une expérience centrée sur l’humain, qui a une âme et une personnalité vibrante à laquelle nous pouvons tous nous identifier. L’avenir de l’art public réside dans sa valeur.

 
 
 

Photo 1 : Exposition Toiletpaper – Galerie Blanc, Montréal par Chromatic, MASSIVart, Le Village / © JF Savaria
Photo 2 : Oscillations, The Urban Conga – à Montréal par le Partenariat du Quartier des Spectacles et MASSIVart / © Eva Blue
Photo 3 : Nouvelles propositions pour le Trafalgar Square Fourth Plinth 2018 & 2020. Dans l’ordre, de haut en bas à gauche : Damián Ortega, Huma Bhabha, Michael Rakowitz, Heather Phillipson, and Raqs Media Collective.
Photo 4 : Gauche – Prada MARFA, et installation par Elmgreen & Dragset en collaboration avec Art Production Fund & Ballroom Marfa, droite – Donald Judd, 15 untitled works in concrete, 1980-1984. Collection permanente, the Chinati Foundation, Marfa, Texas / © Evlyne Laurin
Photo 5 : Dominique Pétrin, Chromatic – Cité de la Mode, Paris par MASSIVart
Photo 6 : Judith Portier, Ça va bien aller ! – à Montréal par le Partenariat du Quartier des Spectacles et MASSIVart / © Eva Blue